Entretien

Chercheurs et chercheuses, HAL en pratique

Le service Appui à la recherche et science ouverte du Service commun de la documentation (SCD-SARSO), administrateur du portail institutionnel HAL Paris 1 Panthéon Sorbonne, s’entretient avec Alexandrine Nedelec, angliciste, maîtresse de conférences (Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne) et Thomas Renault, économiste, maître de conférences (Centre d’Économie de la Sorbonne) sur leur usage de l’archive ouverte HAL.

Alexandrine Nedelec, Thomas Renault, parlez-nous du spectre de votre recherche.

Alexandrine Nedelec : Je suis un peu une curiosité, au carrefour des études anglophones, de la civilisation et de la sociologie du droit. Rattachée à l’ISJPS, je co-dirige l’axe genre du laboratoire. J’enseigne principalement l’anglais juridique et l’anglais appliqué aux études sur le genre, dans la continuité de ma thèse sur les discriminations à l’encontre des femmes juges et avocates en Angleterre/pays de Galles. 

Thomas Renault : Mon parcours est aussi atypique. Ma thèse portait sur les marchés financiers. J’ai ensuite bifurqué vers des recherches croisant l’approche quantitative de l’économie avec les sciences cognitives, celles-ci couplées avec une composante Data et IA pour finir par m’intéresser à l’impact des réseaux sociaux sur divers secteurs comme la santé publique, le rôle des médias, la dissémination d’informations. La finance mène à tout ! 

Depuis quand déposez-vous vos publications dans HAL

Thomas Renault : Depuis 2021 dans HAL mais je les déposais déjà dans REPEC, grand réseau d’archives institutionnelles pour l’économie, depuis 2018. L’habitude était prise. Je dépose une fois de temps en temps dans HAL, lorsque le laboratoire a besoin d’évaluations et de métriques, par exemple pour l’évaluation Hcéres et mets régulièrement mon profil HAL à jour. 

Alexandrine Nedelec : Depuis le confinement (2021) ! Notre référente HAL, responsable de la collection HAL du laboratoire, avait pour mission de sensibiliser les équipes et proposait des formations. Cela m’a vraiment mis le pied à l’étrier. Depuis je dépose par salves, rétrospectivement, en me disant « allez, là tu as une heure devant toi... ». C’est une tâche mécanique.

Vous estimez donc que « déposer dans HAL, c’est facile ? 

Thomas Renault : Oui. Le dépôt dans HAL, ce n’est pas très lourd. La plateforme est plutôt bien faite. Familier de ce type d’outil d’autoarchivage, je me suis formé à l’aide des tutoriels en ligne, mais au CES, nous bénéficions d’un accompagnement personnalisé et de formations. 

Alexandrine Nedelec : Oui et non. Si l’on effectue plusieurs dépôts à la suite, on prend le coup de main ! J’espère que vous ne serez pas fâchés, mais je dirais par exemple qu’il manque des champs, du fait de la grande hétérogénéité des normes dans les diverses disciplines. Comment dire ? l’outil manque parfois de plasticité. 

Vous avez raison. Mais HAL se veut généraliste, vitrine des travaux de la recherche, une gageure et une spécificité française qui est saluée. Le CCSD (Centre pour la communication scientifique directe, unité d’appui et de recherche du CNRS), qui opère l’infrastructure HAL +, tient compte des retours des chercheurs à travers notre association d’utilisateurs, CASUHAL et l’assemblée des partenaires de HAL, dans laquelle Paris 1 Panthéon Sorbonne s’implique largement. 

Thomas Renault : Dans la mesure où l’on a mis quelques routines en place et surtout créé nos identifiants IdHal et Orcid, il n’y a plus qu’à mettre les profils à jour de temps en temps : ce n’est pas très chronophage. 

Alexandrine Nedelec : Les capacités de l’IA sont incroyables et le chercheur rêve de fluidité : par exemple ne pas remplir sans cesse les mêmes informations sur les mêmes formulaires. 

C’est exactement l’objectif que vise la stratégie nationale d’adoption des identifiants uniques et pérennes (Pids) du MESR à travers le trépied Id chercheurs (IdRef, IdHal, Orcid), Id structures (ROR), Id données, publications et logiciels (DOIS et SWID).

Thomas Renault : Tout à fait. La visibilité procède par rebonds. Il s’agit de jouer la complémentarité des outils à travers les identifiants. L’interconnectivité ne va qu’aller croissant. HAL, outre sa vocation essentielle de vitrine et d’archive pérenne, sert la fonction de reporting (rapportage en français) et est très bien adapté à cet objectif.

Arrivons-en à la question cruciale : au fond, pourquoi déposez-vous dans HAL ? parce que c’est une obligation, parce que vous en tirez des bénéfices ou parce que vous êtes convaincus par l’Open Access et la philosophie de la science ouverte ? 

Alexandrine Nedelec : Un peu pour les trois motifs ! Nous sommes fortement incités au sein du laboratoire, mais HAL est aussi très bien référencé sur Google et Google Scholar.

Thomas Renault : Cela peut surprendre, mais Google Scholar passe avant les bases de données pour découvrir les publications récentes à travers le mécanisme des citations. 

Alexandrine Nedelec : Oui. Hal est donc une bonne façon de visibiliser ses travaux. Je suis profondément convaincue par l’Open Access. Par exemple, produire un ouvrage collectif est un énorme travail collaboratif, mais la diffusion se limite souvent à quelques centaines d’exemplaires. Nous produisons des travaux « pour que cela serve à quelque chose », que cela soit utile à la société. Il ne s’agit pas juste d’avoir envie d’être lu. Il faut diffuser ce que l’on publie, que nos travaux soient accessibles. C’est important, c’est une mission du service public de la recherche. 

Thomas Renault : Je suis comme ma collègue entièrement favorable à l’Open Access. Il est important que le maximum de personnes aient accès à la recherche publique qui est le bien public. Mais j’avoue ne pas savoir parfois exactement ce qu’un chercheur a le droit de faire et je pêche sans doute par excès de prudence.

Cela explique en effet la réticence des chercheurs à l’égard du dépôt du texte intégral. Or la Loi pour une République numérique accorde un véritable droit aux chercheurs de déposer le postprint de leurs publications dans HAL à l’issue d’une période de 12 mois d’embargo pour les SHS. Les éditeurs ne peuvent s’y opposer. 

Thomas Renault : Je serai dans ce cas ravi de déposer le texte intégral.

Alexandrine Nedelec : Pour abonder dans ce sens, les travaux doivent être beaucoup plus facilement accessibles : c’est aussi l’enjeu du caractère public de l’Université. 

Merci infiniment de vous être prêtés au jeu de l’interview vérité.
En conclusion, pour toute question sur HAL, adminhal@univ-paris1.fr