Entretien

Rencontre avec Katia Novokhatko, chargée d’accompagnement à la recherche et de projets numériques à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS)

Katia Novokhatko présente ses fonctions en faveur de la science ouverte, au sein du Service de valorisation numérique des collections et soutien à la recherche (SERVAL) de la BIS.

Après avoir soutenu une thèse et mené des projets postdoctoraux en histoire médiévale, j’ai occupé un poste d’ingénieure de recherche au Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LaMOP, CNRS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Actuellement, je suis en train de me réorienter vers le monde des bibliothèques. Depuis le 1er septembre 2024, je suis chargée d’accompagnement à la recherche et de projets numériques au Service de la valorisation numérique des collections et du soutien à la recherche (SERVAL) au sein de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS). J’y assure également les fonctions de référente pour la science ouverte.

Mon expérience dans le monde de la recherche en sciences humaines me permet d’avoir un regard informé sur les approches et les besoins des chercheurs en matière de science ouverte. Mon poste actuel, à la charnière du monde des bibliothécaires et de celui des chercheurs, me permet de comprendre les objectifs et les interrogations des uns et des autres. La science ouverte est en train de prendre une place grandissante dans les établissements d’enseignement supérieur et dans les pratiques des chercheurs. Les enjeux professionnels autant que relationnels sont stimulants, je suis enthousiaste à l’idée de consolider des services transversaux regroupant des collègues aux profils variés, et de continuer à faire progresser la diffusion de la science ouverte en renforçant la coopération existante et déjà fructueuse entre bibliothécaires et chercheurs.

La BIS, actrice de la science ouverte

Dès l’ouverture de sa bibliothèque numérique en 2017, la BIS a choisi d’une part d’utiliser un outil de diffusion libre et gratuit, Omeka (passé à Omeka-S en 2021) et d’autre part de placer ses documents numérisés et leurs métadonnées sous licence Etalab, signant sa ferme volonté de s’inscrire dans le mouvement de la science ouverte. Depuis, elle y a développé des services renforçant l’interopérabilité de ses données, gage de réutilisation facilitée. 

La BIS a également à cœur d’œuvrer pour la libre diffusion de la connaissance auprès d’un public large en particulier via son partenariat, matérialisé depuis 2021 par une convention, avec Wikimédia France. Elle verse régulièrement des images numérisées issues de ses collections numérisées sur Wikimedia commons, les rendant ainsi très visibles et facilement réutilisables. Elle contribue également activement à l’enrichissement de Wikipédia et de Wikidata avec des données issues des projets numériques qu’elle pilote ou copilote. Cet engagement été reconnu en 2023 par le label « culture libre » niveau argent, attribué par l’association Wikimédia France.

La BIS est également aux côtés des chercheurs pour co-porter des projets avec eux, dans le respect des principes de la science ouverte. Elle a établi une liste de ressources ou tutoriels utiles qu’elle va diffuser sur une page de son futur site web entièrement refondu. Elle est également à l’écoute des besoins des chercheurs depuis plusieurs années via une adresse dédiée, service-recherche@bis-sorbonne.fr. Elle favorise dans tous les projets qu’elle porte ou co-porte l’usage de logiciels et infrastructures libres, veillant à la bonne gestion des données recueillies ou produites (notamment en établissant ou tenant à jour les plans de gestions de données associés). 

La BIS, grande bibliothèque patrimoniale au service d’un public large, français et international, est également bien insérée dans les instances de l’université contribuant à la science ouverte. En effet, elle fait partie depuis l’origine du groupe de travail sur la science ouverte (GTSO) qui réunit toutes les composantes de Paris 1 Panthéon-Sorbonne œuvrant en ce sens. Dans ce cadre, elle fait partie de l’équipe du service ENSO « Expertise numérique et science ouverte », renforçant l’appui aux chercheurs montant des projets. Fin novembre 2024, la BIS présentera ses services au cours de la Semaine de la science ouverte . 

Mes fonctions en faveur de la science ouverte au SERVAL

Au SERVAL, je vais assurer les formations sur la science ouverte en fonction des besoins des publics de la BIS (y compris des formations en interne, pour les agents de la bibliothèque). Dans le cadre du partenariat avec Wikimédia France, je participerai au jury qui décernera le prix 2025 de la recherche Wikimédia France. Je vais également piloter la participation de la BIS à l’édition 2025 de la campagne internationale Wikipédia intitulée #1Lib1Ref – « One Librarian, One Reference », au cours laquelle les bibliothécaires du monde entier sont invités à compléter les références manquantes dans les articles de leur choix. Je vais également renforcer le service dans son activité de soutien à des projets en humanités numériques. Je travaille en ce moment par exemple sur le projet ÉCRU, qui teste les performances d’une intelligence artificielle pour le balisage automatique de grandes éditions de textes médiévaux. Ce projet, qui mobilise à la fois mes compétences de médiéviste latiniste et des connaissances techniques, est un bon exemple de l’activité de soutien à la recherche au SERVAL.